La stimulation précoce a ainsi pour objectif de développer avant 5/6ans au maximum le potentiel de l’enfant en intervenant directement auprès de lui dans les différentes sphères de son développement. Ces interventions doivent se faire tôt dans la vie de l’enfant afin de profiter de la plasticité du cerveau.
Qui peut bénéficier de cet abord ?
La stimulation précoce concerne les enfants de moins de 5/6ans, pour lesquels un risque important de trouble du neurodeveloppement ou un trouble a été identifié. Une très grande prématurité, une retard de croissance intra-utérin, une intoxication fœtale ou une souffrance fœtale aiguë peuvent effectivement nécessité une surveillance et des stimulations préventives. Certains enfants sont aussi identifiés comme porteurs d’un syndrome particulier dès la grossesse ou la naissance, tels qu’une trisomie 21 ou une microcéphalie associée à des malformations cérébrales.
Ce type d’intervention est tout particulièrement recommandé chez les enfants à haut risque de déficience intellectuelle et/ou trouble du spectre autistique. Si souvent on préfère connaître le diagnostic d’un enfant avant de commencer sa réadaptation, ici, il s’agit de ne pas attendre un diagnostic parfois long et complexe à établir pour agir. C’est donc l’évaluation des besoins, et non pas le diagnostic, qui détermine les interventions à entreprendre.
Une prise en charge multidisciplinaire
La transdisciplinarité est évidemment essentielle pour favoriser le développement des habiletés motrices, langagières, attentionnelles, mnésiques, sociales, adaptatives…
Dans ce cadre, je travaille donc très souvent avec des orthophonistes, des kinésithérapeutes, des psychomotriciens, des éducateurs… Il est alors nécessaire de se coordonner.
Spécificités de la stimulation précoce
Pour obtenir des résultats concluants, il est important d’intervenir avec une certaine intensité et cohérence entre les intervenants. L’approche doit être adaptée au niveau, aux besoins et aux intérêts de l’enfant. Aussi, le parent est associé à la démarche et aux activités de stimulation précoce sans porter la responsabilité d’un professionnel de la réadaptation.
Cette implication assez fréquente durant les séances permet au parent d’intégrer certaines techniques observées en séances ou de reprendre ce qui a été fait dans le quotidien pour en faciliter l’apprentissage. Par exemple, des pictogrammes avec des smileys représentant les émotions peuvent être des support de travail en séance pour stimuler les habilités pré-sociales. Ils seront réinvestis à la maison dès lors que l’enfant a peur ou est content, ou lors de lecture de livres.
Cet espace est aussi un lieu où le parent est écouté, valorisé et soutenu dès qu’il émet des doutes en regard du développement de son enfant et de ses propres attitudes.
Un matériel très sensoriel
Le matériel que j’utilise dans ces situations est très variés.
On retrouve des activités de stimulations sensorielles, des jeux de classement très simple à complexe favorisant le développement langagier, social et conceptuel des enfants, des outils concernant l’autonomie, la manipulation de divers outils, la stimulation de l’attention et de la mémoire… La notion de permanence des objets et d’image de soi peut aussi prendre beaucoup de place.
De nombreuses activités s’inspirent de la pédagogie Montessori, avec des jeux sensoriels, manipulables et ludiques amenant l’enfant à distinguer, à se représenter puis à généraliser du concret vers l’abstrait. L’utilisation d’une réduction de l’information, d’un indiçage, de renforcements et d’un modelage facilite l’apprentissage.
Vers qui s’orienter ?
Les centres d’action médico-sociale précoce – CAMSP – sont unanimement reconnus comme un dispositif essentiel en ce qui concerne l’intervention précoce, puisqu’ils suivent des enfants handicapés de leur naissance jusqu’à six ans, ainsi que des enfants à risque comme certains grands prématurés. Mais lorsque les délais d’attente chez eux sont trop longs, lorsque les familles vivent trop loin ou lorsque la conciliation horaires de réadaptation et contraintes travail/famille est difficile, ceux-ci s’adressent parfois les familles à des libéraux, dont des orthophonistes, des kinesithérapeutes ou des psychologues-neuropsychologues spécialisées en pédiatrie.
L’assurance-maladie souhaitant éviter des doubles prises en charge, cela est parfois difficile à mettre en place quand bien même il est question d’harmoniser les pratiques des CPAM dans un sens favorable aux enfants. En ce qui concerne l’intervention des psychologues, les séances n’étant pas remboursées par l’assurance-maladie, cela reste possible avec des séances finançables après dossier MDPH.