dépression chez l’enfant et l’adolescent
Un coup de blues, un gros cafard, un mal être, un regard pessimiste, un manque d’entrain, une fatigue, un manque d’attention, des idées noires… Contrairement à ce qui est souvent pensé, ce n’est hélas pas que pour les adultes !
Ressemblances et différences entre le spleen de l’adulte et le blues de l’enfant
Chez les adultes, les dépressions légères peuvent ne se manifester que par un retrait, un manque d’envie de faire des choses et une fatigue avec une estime de soi ou une confiance en l’avenir mises à mal. Dans les formes de dépression majeures, cela peut alors s’exprimer par une léthargie physique et psychique totale ou des tentatives de suicides.
Ce profil s’observe aussi chez les jeunes avec dépression. Mais typiquement, l’expression de ce trouble n’est pas le même chez les adultes et chez les enfants. Effectivement, les plus jeunes sont souvent moins conscients de leurs propres états affectifs que les adultes. Ils élaborent moins verbalement leurs vécus dépressif. De fait, ils disent plus souvent « s’ennuyer » ou « n’avoir envie de rien » plutôt que « je suis triste » ou « je ne vaux rien ».
Par ailleurs, les manifestations dépressives chez les jeunes se donnent le plus souvent à voir plutôt qu’à entendre. On observe souvent un manque de disponibilité cognitive impactant les résultats scolaires. Des troubles du comportement, notamment chez les adolescents, plus particulièrement les garçons, sont très fréquents. Le jeune est alors très irritable ou colérique. Il cherche les limites, provoque l’adulte, voir se met en danger. Les jeunes filles présentent plus régulièrement des pleurs et une perte d’appétit à type d’anorexie. Mais tout peut se voir et il n’y a pas de profil typique.
D’ailleurs chez les ados, la distinction entre déprime, dépression et crise d’adolescence est particulièrement complexe. Devant un doute, parlez-en à un professionnel de santé.
Les éléments qui peuvent faire évoquer une dépression.
Voici un petit schéma reprenant les symptômes classiques, bien que pas toujours tous présents chez une même personne, fort heureusement :
Si cela ne dure qu’un temps, on parle de déprime, souvent en réaction à certains évènements de vie ; c’est ce que nous traversons tous plus ou moins. Dès lors que cela devient chronique, on parle plutôt de syndrome dépressif. Les épisodes peuvent être légers et difficiles à identifier, ou majeurs et évidents.
Quels sont les facteurs participant à une dépression ?
Comme toujours, on ne sait pas vraiment et c’est très variable suivant les personnes. Les facteurs fragilisant vont de la génétique à l’histoire de vie, en passant par un déséquilibre thyroïdien ou des neuromédiateurs cérébraux …
Certains facteurs protecteurs sont simples à mettre en place. Une activité physique régulière, si possible en prenant l’air, est importante. Une bonne hygiène de vie, notamment alimentaire, est souvent négligée chez les jeunes. On recommande aussi de faire au moins une activité par jour pour se faire plaisir. Le soutien des proches et amis est évidemment essentiel.
Quand consulter ?
Il arrive, plus souvent que je ne l’aurais pensé, que je reçoive des jeunes ayant fait d’eux-mêmes la demande de consultation. Bien souvent, on est alors plutôt dans une déprime que dans une dépression. Dans les situations de dépressions ou chez les petits, les consultations sont bien plus souvent à l’initiative de la famille.
Évidemment, il n’est pas nécessaire de consulter devant la moindre baisse d’humeur de vos enfants. Cependant, si l’intensité ou la chronicité est importante, ou si le changement d’humeur ne s’explique pas par des événements, mieux vaut prendre rendez-vous pour ne pas laisser les choses se cristalliser.
Aussi, dès lors que la tendance à la déprime s’associe à d’autres éléments ou s’intègre dans un trouble plus large, un travail thérapeutique est d’autant plus important. Car effectivement, on retrouve des éléments dépressifs dans beaucoup d’autres troubles plus complexes.
Dans quels troubles peuvent s’intégrer les éléments dépressifs ?
Le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) s’accompagne très souvent de symptômes dépressifs ; pour certains, l’irritabilité et la provocation sont d’ailleurs des manifestations d’une dépression chez un jeune jouant au gros dur.
Le trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle constitue un nouveau trouble de l’humeur diagnostiqué durant l’enfance du DSM5. Les jeunes présentent une humeur plus instable que basse et cela interfère de façon très significative avec leur intégration. En classe ou à la maison, les adultes évoquent un enfant ou un adolescent se transformant lors de crises de « rage ». Ils sont le plus souvent très instables, présentent un TDA-h et un TOP.
Le trouble bipolaire est peu diagnostiqué chez l’enfant ou l’adolescent, encore en développement. Néanmoins, plus de 25% de personnes bipolaires auraient connu leurs premiers symptômes de maniaco-dépressif avant leur âge adulte. L’état limite est aussi un diagnostic plutôt porté chez les adultes. Mais là encore, on peut sérieusement y penser devant certains éléments bien avant les 18ans.
Un burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel relève à priori plutôt du monde des adultes. J’ai pourtant reçu au cabinet plusieurs jeunes ayant présentés un syndrome identique, en lien avec une pression scolaire. Les traits de personnalité « à risque » sont identiques à ceux identifiées dans le burn-out professionnel. Le jeune est très consciencieux, exigeant envers lui-même, ayant « trop » misé sur l’activité induisant l’épuisement et ayant peu de temps pour lui. Le tableau dépressif est fortement coloré par des inquiétudes concernant la réussite scolaire et professionnelle.