Mes domaines d’action et d’intervention
Je suis spécialisée dans l’accompagnement des jeunes et/ou leurs familles. En effet, c’est auprès d’eux que je travaille en majeure partie depuis mes stages jusqu’à aujourd’hui. Mon champ d’action va des inquiétudes parentales excessives devant un enfant qui se ronge un peu les ongles, aux troubles psychiatriques et/ou neurologiques majeurs. Mes actions et mes interventions concernent donc des patients en grande souffrance autant que des jeunes allant très bien, mais souhaitant se connaître un peu mieux ou disposer d’un temps à eux, ainsi que des parents qui s’interrogent, s’inquiètent ou souhaitent avoir des informations.
J’en reviens ainsi à la question du normal / pathologique, qui reste encore un vif débat dans mon champ. Cela crée par ailleurs beaucoup d’idées préconçues concernant les consultations psychologiques.
Alors, faut-il être « malade » pour consulter ?
Bien évidemment : non !!!
Commençons simplement : qui dit maladie ou pathologie (du grec pathos) dit souffrance. Première idée pas toujours vraie, car certains patients ne se rendent pas compte de leur fonctionnement et n’en souffrent semble-t-il pas. Mais admettons que les proches en souffrent ?
Là encore, comment mener une vie exempte de souffrances ? Tout le monde présenterait-il une pathologie ?
Bref, les psycho-pathologies relèveraient donc de ce qui est décrit comme tels… Ni plus ni moins qu’une étiquette définie dans des nomenclatures particulières, au regard des connaissances scientifiques actuelles et de ce que la société du moment considère comme actuellement déviant. En sommes, des étiquettes qu’on trouvera probablement grotesques ou imprécises d’ici quelques décennies…
Certains considèrent d’ailleurs que les troubles définis dans les grandes classifications tendent à mettre en avant une déviance. D’autres avancent qu’ils peuvent par ailleurs enfermer les patients et les familles dans des représentations inadaptées. De fait, ils ne permettent pas de voir la personne dans son fonctionnement global.
Une autre option revient à dire que la vie est pleine de goût, bien que parfois trop salée ou épicée. Cependant, rien qu’un grain de sel peut faire d’importants dégâts s’il arrive dans l’œil ! Imaginez alors un gros piment ! Bref, aller mal, à différents degrés, ça arrive à tout le monde ! Le plus souvent nos ressources personnelles et nos proches permettent de dépasser cela. Mais parfois, la situation se cristallise, se structure, se rigidifie. L’intervention du psychologue vise à retirer au possible les grains de sels, ou apprendre à faire avec au mieux.
Aussi, l’intensité des symptômes initiaux n’est pas toujours à l’image de l’évolution à venir. En effet, iI est possible de retirer certains grains de sel particulièrement mal placés ! Un état qui pourrait être considéré comme pathologique ce jour, n’est pas synonyme de pathologie à l’âge adulte. L’enfant est encore en construction. Et j’en ai connu pas mal qui m’ont fait mentir et fait mentir des médecins spécialisés !
Quand bien même je ne mets pas de côté certaines limitations organiques majeures ou histoires personnelles particulièrement lourdes, le pronostic est toujours difficile à préciser. Il reste néanmoins pertinent d’anticiper différentes évolutions pour envisager au mieux les soins, tout en gardant en tête que rien n’est jamais écrit.
Il demeure que les étiquettes diagnostiques ou entités nosographiques, bien que changeant régulièrement, font référence à des théories explicatives et des méthodes de soins. Elles sont toujours insuffisantes mais constituent néanmoins un point de départ pour poser des mots et s’orienter parmi les professionnels. C’est pourquoi le rôle du psychologue est notamment de contribuer à l’élaboration diagnostique. Celle-ci nécessite par ailleurs toujours un médecin pour porter officiellement le diagnostic. D’autant plus que cet étiquetage est aussi une étape nécessaire pour avoir une reconnaissance et un accès aux compensations MDPH.
Et pour tous ceux dont les questionnements ne nécessitent pas ce type de dispositifs, les explications à envisager n’ont pas besoin de s’appuyer sur les terminologies des classifications nosographiques. Et vous le comprendrez, ces moments qui peuvent vous conduire chez un psychologue concernent tout le monde. Mais pas tout le temps, fort heureusement !