Une fois les troubles cognitifs identifiés, qu’ils soient isolés ou non, il est possible de proposer une remédiation cognitive.
On trouve aussi les termes de rééducation neuropsychologique, de réhabilitation ou réadaptation cognitive, ou encore de stimulation cognitive. Il existe des nuances entre ces techniques, mais en gros, le but est d’améliorer le fonctionnement d’un patient par des stimulations : l’idée étant alors de muscler telle fonction ou fonctionnement cognitif grâce à l’entrainement.
Qui peut être concerné par ces techniques ?
Dans le cadre de troubles du neurodéveloppement, la remédiation cognitive c’est un peu comme l’utilisation de la rééducation orthophonique pour les dyslexies, ou l’ergothérapie pour les dyspraxies : la remédiation cognitive réalisée par un neuropsychologue se centrera plus généralement autours des difficultés attentionnelles, exécutives, mnésiques et de cognitions sociales. Ce type de travail est aussi préconisé en rééducation après une atteinte neurologique.
Pour les personnes présentant des fragilités psychologiques, on observe aussi des modes dysfonctionnels de pensée. Par exemple, les personnes déprimées voient généralement tout en noir et ne retiennent que peu les éléments positifs ; ce fonctionnement constitue alors un cercle vicieux. En lien avec la psychologie cognitive dont la neuropsychologie est la proche cousine, les remédiations cognitives peuvent aussi entrainer à relativiser les critiques extérieures, élaborer des de pensées positives, etc. Certains exercices sont donc pertinents pour stimuler des modes de pensée limitant la dépression, la mauvaise estime de soi ou l’anxiété.
Les choses n’étant jamais simple, ces deux aspects de la remédiations peuvent se mêler lors d’une prise en charge. Par exemple, dans le cadre de troubles psychologiques ou psychiatriques, les patients présentent fréquemment des difficultés attentionnelles ou mnésiques. L’amélioration du potentiel cognitif par l’entrainement a souvent un effet favorable, puisque le regain attentionnel permet de faire face à la vie quotidienne avec plus de succès, et peut donc réduire le risque de rechute d’une dépression. Et des personnes ayant plutôt des troubles « neuro » manque aussi de confiance en eux ou de stratégies de gestions des émotions : la remédiation pourra être centrée sur différents aspects.
Qui réalise ce travail ?
D’abord, il faut viser les fonctions cognitives ou modes de pensées impliqués dans les difficultés quotidiennes… Élémentaire me direz-vous !
Ainsi, on comprend bien qu’il faut que le thérapeute maîtrise parfaitement la fonction cognitive visée. Et auprès des enfants, il faut aussi qu’il connaisse précisément les phases de développement.
De fait, certaines professions sont plus spécifiquement impliquées dans la rééducation de certains troubles spécifiques. Cela est en lien avec les bilans qu’ils font, qui nourri leurs connaissances de ces fonctions.
C’est ainsi que les psychomotriciens sont essentiellement à l’aise avec les aspects visuo-praxiques. Les orthophonistes sont plus spécialisés dans le langage oral et écrit, de même qu’en ce qui concerne les troubles logico-mathématiques. Les psychologues, notamment neuropsychologues, interviennent plus particulièrement dans les troubles de l’attention, des fonctions exécutives, la mémoire ou les habilités sociales.
Autre élément important : le praticien doit avoir un très large éventail de matériels. Cela est plus particulièrement vrai pour les praticiens travaillant auprès d’enfants, d’adolescents ou de jeunes adultes. Effectivement, les intérêts à 2 et 18 ans sont très différents… Or, l’ingrédient principal d’une thérapie efficace est bien le plaisir pris à travailler !
Comment cela fonctionne ?
L’entrainement lors des remédiations cognitives est particulier. Des stratégies telles que l’apprentissage sans erreur, la guidance, la verbalisation ou la résolution de problèmes rendent l’intervention plus efficace. La progressivité de la difficulté est évidemment primordiale. Il en va de même en ce qui concerne le caractère de plus en plus écologique des tâches : on commence par des activités ludiques et on se rapproche de plus en plus d’activités s’approchant du quotidien. L’intensité de la prise en charge est par ailleurs importante : on ne peut vraisemblablement espérer une évolution favorable si la prise en charge est trop espacée.
L’entrainement est important, mais il n’est pas le seul élément efficace dans ce type de thérapie. Il est très important de passer beaucoup de temps à faire le lien avec le quotidien. Le but est un transfert et une généralisation des compétences entrainées dans la vie réelle.
Par ailleurs, l’adaptation de la difficulté, les renforcements nombreux et l’apprentissage sans erreur permettent au jeune de voir qu’il réussit, de reprendre confiance en eux et se situer dans une dynamique positive devant ses troubles.
Enfin, l’un des axes les plus importants est l’apprentissage de la stratégie de résolution de problème, sous-tendue par une conscientisation de son fonctionnement devant des difficultés. Non seulement il s’agit initialement de donner des stratégies plus efficace pour se concentrer, diminuer la charge cognitive d’une tâche, mémoriser plus aisément, mais il sera aussi question au fil du temps d’apprendre au jeune lui-même à anticiper et générer lui-même ses astuces ou stratégies d’actions.
Comment cela se passe concrètement ?
Avec les petits, les « entrainements » se font sous forme de jeux, de challenges ludiques… Chez les plus grands, les supports sont plus complexes. Néanmoins, les adolescents comprennent bien pourquoi ils sont là et s’engagent généralement très volontiers dans ces tâches.
Plus les jeunes sont matures, plus il est aisé de faire des liens avec le quotidien et conscientisé le travail ; c’est d’ailleurs cet aspect qui participe sans doute le plus à leur évolution. L’accompagnement des plus petits présente d’autres avantages. Le plus notable est leur plus grande plasticité cérébrale, qui rend l’entrainement en lui-même plus efficace semble-t-il. Ainsi, chez les plus jeunes il s’agit plus de rééducation que de remédiation, bien qu’il y ait un continuum entre ces techniques très proches.
Idéalement, le travail doit être suffisamment intensif, sauf dans certains cas très particuliers. Une séance par semaine pendant 4 mois est souvent le minimum syndical. Cela est généralement enrichi par des tâches à faire à la maison ou des exercices sur tablette.